Née en 1965
à Caracas,
Venezuela

Arrivée en Suisse
en 2017

Extraits du livre

Nous avons reçu l’ordre de l’emprisonner

«Dis à ton pasteur d’arrêter ses revendications. Son dossier est arrivé sur mon bureau et j’ai l’ordre de l’envoyer au ministère de l’Intérieur à Caracas. Nous avons également reçu l’ordre de l’emprisonner s’il devait participer à une autre manifestation contre le gouvernement.» Ce message a été envoyé à un ami de Danilo travaillant à la sécurité militaire de Caracas. Zaira se souvient: «La menace était parfaitement claire: nous n’avions plus d’autre choix que de quitter notre pays.»

 

Zaira et Danilo

Ils ont la foi. Une foi inébranlable. Ils sont tous les deux pasteurs et docteurs en théologie. Lorsqu’ils décident de se marier, elle a dix-neuf ans et lui vingt-et-un. La cérémonie réunit plus de 400 personnes, le jeune couple compte beaucoup d’amis et de connaissances dans le milieu évangélique et académique. Zaira rayonne dans la robe confectionnée par sa mère. Son oncle leur a offert un veau qui a permis de faire un magnifique barbecue.

 

Reconnaissance envers la Suisse

«L’aide reçue n’a pas été que financière, mais aussi morale et émotionnelle. Ce soutien nous a aidés à entrer en douceur dans notre nouvelle vie. Nous avons envers la Suisse une dette immense, nous faisons tout ce qui est possible pour mériter cette confiance, nous sommes convaincus que l’intégration passe avant tout par l’apprentissage du français. Notre espoir est de pouvoir subvenir seuls à nos besoins. Si nous acceptons avec reconnaissance d’être aidés par les services sociaux, nous rêvons du jour où nous payerons seuls notre loyer.»

 

La cause des femmes

«Dans le cadre de mon doctorat en théologie, j’ai travaillé sur l’autonomisation des femmes. J’ai étudié leur situation dans le monde entier. Nous, les femmes, nous souffrons de beaucoup d’inégalités et d’injustices. Où que nous soyons, les femmes sont toujours plus pauvres que les hommes, même en Occident. La femme porte la charge psychologique et sociale de  toute la famille; c’est elle qui pense à remplir le frigidaire, à prendre rendez-vous pour faire vacciner les enfants, à leur acheter une nouvelle paire de chaussures. Elle gère la maisonnée souvent seule, elle s’appauvrit financièrement davantage que les hommes. Cette situation m’indispose et m’attriste, mais je suis forcée de reconnaître que c’est la vérité.»

 

La grève des femmes

«A Genève, j’ai participé à la grève des femmes, celle du 14 juin 2019. Elles avaient quitté leur travail pour manifester leur colère à 15h 17, l’heure à laquelle leurs salaires se font distancer par ceux des hommes. Ces femmes courageuses se sentaient bloquées dans leur progression sociale, diminuées, souvent épuisées. J’ai pu sentir leur frustration, leur rage aussi. Que de sentiments négatifs… J’étais choquée, je me suis dit: “Ce n’est pas possible, on est en train de vivre ça en Suisse…!” J’essayais de rester calme, de ne pas me laisser contaminer par la haine. Le lendemain, il y a eu un terrible orage. Comme si la colère de toutes ces femmes résonnait dans le ciel.»

 

Les violences de genre

Zaira a rejoint Grenade avec son mari. Une autre surprise de taille l’attend; elle qui pensait avoir vu le pire, elle découvre l’impensable. «Au centre de Grenade, explique-t-elle, on trouvait des panneaux, comme d’immenses enseignes publicitaires, sur lesquels la municipalité annonçait le nombre de meurtres perpétrés sur des femmes. C’était affolant. J’ai participé à des assemblées de parents préoccupés par ce problème. Je voyais des pères inquiets pour leur progéniture. Il fallait éduquer la population, la rendre consciente que de tuer une femme n’est pas acceptable.»

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