Petite-fille d’Anna

Née en 1992
à Lausanne

Extraits du livre

Je suis juste moi

«J’aime dire que je suis italienne dans le sang et suisse dans la tête. Et dans le cœur je suis juste moi, parce que le cœur c’est universel.»

Le Danemark et la Suisse

«Quand nous sommes partis à Copenhague, mon monde a changé. Je me suis dit que la Suisse n’était pas du tout représentative de la réalité du monde. Les Danois assument leurs actes, il n’y a pas de codes par rapport au corps, les gens se baladent comme ils veulent, ils aiment qui ils veulent. Ils sont dans l’acceptation de l’autre. C’est loin d’être toujours vrai en Suisse, trop de jugements, trop de carcans et de cancans, on supporte mal ce qui sort du cadre.

Laura et sa mère

«Ma mère est beaucoup plus dans l’air du temps que les femmes de son âge. Si je la compare à d’autres personnes de sa génération et de sa culture, elle est à des années lumières. J’ai de la chance d’avoir une mère aussi ouverte d’esprit et avant-gardiste si j’imagine le contexte dans lequel elle a évolué. Sa curiosité intellectuelle est insatiable. Je pense aussi qu’elle vit à travers mon frère et moi ce qu’elle n’a pas pu vivre jeune. Il n’y a pas longtemps, alors qu’on était en route pour un rendez-vous, je me suis exclamé: “Tu veux toujours te dépêcher?” Sa réponse a fusé: “Non, je veux rattraper le temps perdu.” Cet échange résume parfaitement la personnalité de ma mère: elle veut profiter de chaque minute mais ne ressent aucune amertume d’un passé souvent limitatif. Elle aime échanger, se creuser les méninges, toutes les deux, on peut passer des heures philosopher. Ce sont des moments de partage infiniment précieux.

Un regard sur ses parents

«Le fait d’être de la même culture a dû jouer un rôle dans la solidité du couple que mes parents forment: ils ont un héritage culturel et religieux similaire. Sur l’échelle des valeurs, ils se rejoignent sur des points tellement forts à leurs yeux que c’est inébranlable: l’honnêteté, le travail, le respect, le sens des responsabilités. Je tiens d’eux une conviction: la réussite, ça vient ou non, mais c’est à la sueur de son front. C’est paradoxal: mes parents ont tout donné pour nous permettre d’atteindre un certain niveau et qu’on n’ait pas besoin de passer par les galères qu’ils ont vécues. Et moi, qu’est-ce que je fais? En choisissant la musique, en essayant d’en vivre, je remets tout en cause, je repars à zéro.»

Laura et la musique

«J’ai toujours chanté pour le plaisir et ma famille; mes amis m’ont souvent dit que j’avais une belle voix, que m’entendre chanter provoquait une émotion en eux. J’étais touchée, je les croyais, mais j’ai voulu me confronter avec la réalité de la scène musicale. J’ai choisi la plus dure: à 23 ans, je suis partie à New York City voir si là-bas on m’apprécierait comme le faisaient mes proches. Je ne connaissais personne. Je m’étais donné pour mission d’être sur scène chaque soir: à New York, les open jam sont beaucoup plus répandus qu’en Suisse; même quand je n’étais pas bien, que je n’avais pas envie, qu’il faisait moche, je sortais. Ça ne marchait pas à chaque fois, mais je fréquentais toujours des lieux où il y avait un spectacle. Pour échanger, découvrir une autre approche de la performance scénique. Je ne composais pas encore à l’époque. Mon but était de vivre une expérience et de tester mon potentiel de séduction sur scène. Parce que l’art c’est de la séduction, en tout cas quand vous êtes le produit!»

Valoriser ses origines

«Dans mon projet artistique The Calling, je valorise mes origines, mais surtout une vision, un message sous-jacent: comprendre le passé pour construire un meilleur futur. Par rapport à ma grand-mère, il ne s’agit pas forcément de connaître tous les détails. C’est plutôt la transmission qui compte: avoir grandi avec elle, avoir reçu des valeurs; c’est non verbal, c’est inconscient. Le message de mon projet, c’est de prendre la beauté, la grâce de l’histoire, de son histoire qui devient la mienne.»

Laura et sa Nonna

«Ce qui rend ma Nonna unique à mes yeux, c’est sa gentillesse, son ouverture d’esprit, sa joie de vivre, l’intérêt qu’elle porte aux autres. Elle assiste à tous mes concerts. Je me rappelle avoir participé à un concert à Fri-Son à Fribourg qui durait 4 heures. Le public était debout, je m’inquiétais pour elle, j’ai demandé qu’elle ait au moins une chaise. Lorsqu’un technicien la lui a apportée, elle a souri: “Je n’en ai pas besoin, j’ai pris un petit pliant, ne vous inquiétez pas pour moi.”»

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